Au spectacle
Ce soir, je prends la plume. Il est un peu plus de 18H. Nous sommes le 1er novembre 2020.
Je viens d’assister à un spectacle. Et pourtant, en cette période de deuxième confinement, ils sont interdits !
Sur la scène, il fait presque noir. Nous sommes dans la pénombre. Cette dernière n’est pas encore éclairée. La salle de spectacle est immense et cependant, on n’entend pas un bruit. Et puis soudain, quelques sons émergent, difficilement identifiables.
Plusieurs sonorités s’entrechoquent, comme un bruissement de feuilles mêlées à quelques pierres qui roulent. Le végétal et le minéral s’invitent sur l’estrade.
Je suis debout dans la fosse et la température ambiante commence à me glacer les os.
Je ne me suis pas assez couverte, voulant parer au plus pressé.
Les bruits se rapprochent. Alors, je tends l’oreille et m’approche de la scène.
J’ai une petite idée de ce qui va se passer.
Le décor est somptueux au sein de cet amphithéâtre dépourvu de gradins.
Devant moi, c’est l’adret des baronnies. La pente est vertigineuse, il n’y a pas de chemins pour les hommes, étant donné qu’il s’agit pratiquement d’un pierrier. Les humains n’ont pas la capacité d’appréhender une ascension dans une telle configuration sachant que le moindre pas entraine l’instabilité des pierres qui se mettent à dégringoler.
Alors que se passe-t-il ?
Je les connais ces figurines, défiant ces pentes si particulières, à la recherche de leur nourriture, qui en cette saison, sont les glands des chênes nombreux sur ce versant.
Ils déambulent en harde, ils sont tous là, du plus grand au plus petit.
Il ne faut pas les déranger bien qu’ils me fassent souvent de nombreux dégâts.
Surtout ne pas aller vers les petits sous la protection farouche de leur mère. Cette gardienne n’hésiterait pas à charger.
La lumière diminue, l’obscurité grandit. Je suis de plus en plus transie. Ce soir, je n’ai pas peur car mon poste d’observation éphémère est bien placé, juste derrière mon portillon.
D’un seul coup, j’entre aperçois une ombre puis deux. Ils ne sont pas très visibles mais ne sont pas discrets, quelques grognements s’échappent dans le silence de la tombée de la nuit. Ils passent en transversal d’est en ouest.
J’en ai assez vu pour ce soir. Je remercie dame nature pour son cadeau et tire ma révérence.